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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Sur qui pèse le plus durement le régime actuel? Sur louvrier révo­lutionnaire et sur le conservateur chrétien. Lun est atteint dans ses inté­rêts vitaux ; lautre est blessé dans ses croyances les plus chères.

Pour louvrier, la Révolution sociale est une nécessité absolue. Con­vaincu désormais quil ny a rien au delà de la terre, pliant sous le poids dune exploitation que les exigences du capital rendent déplus en plus rude, il se regarde comme un déshérité de la vie; il veut posséder loutillage industriel, comme le paysan, avant 89, voulait posséder la terre; il réclame la socialisation, l'expropriation à son profit des instruments de travail.

Tous les raisonnements quon tente dopposer à ces revendications, qui ont la force à leur service, peuvent être excellents, mais noffrent hélas ! quune valeur toute philosophique et littéraire.

Au fond, dans ces questions, le Bien, le Mal nont quune signification de convention. En 1792, beaucoup de braves gens possédaient des champs, des bois, des maisons qui navaient rien de féodal, qui leur venaient le plus légitimement du monde par héritage, qui étaient le fruit de lépargne de cinq ou six générations, qui leur appartenaient au môme titre que ma montre mappartient. On a guillotiné les propriétaires, et on a pris les biens. Dès 1817 ou 1818, quand la Restauration eut passé-dessus, la spoliation fut un fait acquis, les anciens possesseurs saluaient parfois au passage ceux qui les avaient dépouillés. Aujourdhui des conservateurs, des chrétiens, jouissent sans aucun remords du résultat du vol de leurs grands-pères, et en fout parfois un très louable usage. Un monsieur, qui posséderait cinq cent mille livres de rentes en terres, provenant de lachat de Biens nationaux, serait inliniment mieux reçu, dans le faubourg Saint- Germain, quun monsieur dont laïeul aurait refusé dacheter de ces biens, et qui, tout en appartenant à une famille sans tache, naurait que vingt- cinq centimes dans sa poche.

Il sagit donc de savoir non pas tant si les ouvriers ont raison de se proposer ce but, que de voir sils ont chance de latteindre dans les condi­tions actuelles. Je suis convaincu, pour ma part, quils ne réussiront pas; ils mettront très facilement la main sur Paris, mais ils ne pourront se saisir de la France.

cupidité et tardeur que donne linsouciance pour toutautre objet, toujours heureux en spécu lations basses ou intéressées, grossissant éternellement leur bourse. Leurs énormes richesses leur avaient donné une audace fanatique, et le titre de Roi des Juifs, donné à un ambitieux, avait occasionné un orage politique dont les secousses ne laissèrent pas que de nous inquiéter. Nous ne voulions pas répandre beaucoup de sang, et ce peuple, de son côté, était disposé à renouveler toutes les horreurs quoffre son histoire et dont il a été lagent et la victime. »

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