LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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Les difficultés, qui arrêteront les ouvriers, ne sont pas par elles-mêmes très considérables, mais elles suffiront à faire échouer leur entreprise.
En 1792, les paysans étaient sur le sol; ils n’ont fait qu’en prendre possession d’une manière définitive, et comme le blé, le vin, les fourrages sont des productions de première nécessité, ils n’ont eu qu’à continuer ce qu’ils faisaient auparavant en devenant simplement de fermiers propriétaires.
Les ouvriers sont également dans l’usine. Us comptent, dès à présent, parmi eux des hommes assez intelligents, des contremaîtres assez habiles pour faire tout fonctionner, de façon à ce que la disparition du patron ne s’aperçoive même pas. Je suis persuadé qu’ils n’ont qu’à le vouloir, étant donnée leur organisation actuelle, pour s’emparer de tout.
Malheureusement pour eux, une révolution comme celle-là arrêtera net toutes les fabriques, et dans cet intervalle, la bourgeoisie se ralliera, trouvera un général qui noiera dans le sang la révolte prolétarienne.
Si la bourgeoisie française ne fait pas cela, l’Allemagne le fera pour elle, saisira cette occasion d’intervenir et sera soutenue par la bourgeoisie épouvantée.
Ce but, que poursuivent les ouvriers, et qu’ils n’ont pas tort de poursuivre à leur point de vue, ne pourrait-il pas être atteint pacifiquement ? Pourquoi un prince chrétien, un chef aux conceptions fermes et larges qui, au lieu de voir les questions à travers des lieux communs, les regarderait en face, ne confisquerait-il pas les biens juifs? Pourquoi, avec les ressources ainsi créées, ne permettrait-il pas aux ouvriers d’expérimenter leurs théories sur l’exploitation collective et directe des usines et des établissements industriels? La plupart des propriétaires se prêteraient très volontiers à cette expropriation à l’amiable, dès qu’ils seraient convenablement indemnisés. On pourrait juger, par les résultats, des avantages et des inconvénients que présentent, avec leur constitution différente, les syndicats ouvriers purement laïques, et les syndicats formés sur le modèle des Cercles catholiques ouvriers.
Il importe, dans de tels sujets, de ne pas se faire d’illusion, et de prévoir sur quoi on peut compter.
Les Juifs possèdent la moitié du capital circulant sur la terre; or la fortune de la France, qui paye un budget de près de quatre milliards 1
I. Le budget ordinaire de 1880 est de trois milliards trente millions six cent douze mille trois cent quatre-vingt-huit francs. Le budget extraordinaire est de cent soixante-neuf, millions huit cent hait mille deux cents francs. L’indemnité de cinq milliards payée à l’Allemagne n’est point la cause de cet accroissement insensé, comme les républicains s’amusent