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LA FRANCE JUIVE
tenant, les grandes lignes de toutes les manœuvres de ce temps, et qu’ils n’auront à découvrir que le menu détail des intrigues.
Tranquille à Saint-Sébastien, et sentant bien ce qui était en cause, Gambetta s’abstint de dire une parole dans un sens ou dans un autre.
Sylla offrait tranquillement un sacrifice à la Fortune lorsque autour du temple retentirent soudain de grands cris. — Ce n’est rien, dit-il, à ceux qui l’entouraient, c’est trente mille Marianistes qu’on égorge. — A l’abri, lui aussi, dans le temple de la Fortune, Gambetta montra la mémo impassibilité avant et pendant les journées de Mai, avec cette différence que ce n’étaient pas ses ennemis qu’on égorgeait, mais ses amis, ses électeurs, ces plébéiens illusionnaires qui, de bonne foi, avaient cru en lui. Peu brave de sa nature, il eut, dit-on, une crise en quittant le sol espagnol. Son sort, en effet, était aux mains delà majorité; il semblait véritablement insensé d’espérer que cette majorité ne demandât pas de comptes à un homme qui, sans mandat aucun, s’était constitué le maître de la France.
Cette espérance insensée se réalisa cependant. Jamais les actes du gouvernement de la Défense nationale ne furent discutés. On accepta les histoires les plus invraisemblables qu’il plut à Gambetta de raconter ; la légende notamment des pièces de comptabilité qu’on aurait justement choisi l’époque du 1S Mars pour envoyer à Paris, et qui auraient été détruites dans l’incendie du ministère des finances ; le récit du second incendie, en chemin de fer, celui-là, d’autres pièces qu’on se hâtait également d’envoyer à Paris. On ratifia le paiement d’une somme de 75.138.978 francs pour lesquels on n’apportait aucune justification, absolument aucune. On n’eut pas même l’idée de dire : « 11 y a des gens qui ont payé et d’autres qui ont reçu, qu’ils fournissent un duplicata de leurs pièces île comptabilité. »
Cet abandon, par la majorité, des intérêts de la France et des droits de la justice, semblerait invraisemblable, si le rapport de la Cour des comptes du 31 août 1870 n’était pas là pour démontrer que ceci est de l’histoire :
L’incendie du ministère des finances, dit ce rapport, a détruit les pièces afférentes aux paiements faits à Tours.
Celles relatives aux paiements réalisés à Bordeaux ont dû, en exécution de l’arrêté du gouvernement du 25 avril 1871, être communiquées à la Commission des marchés. Hiles n’ont -pu être retrouvées.
L'es deux paiements compris, l’un au compte du trésorer-payeur générale du Rhône, l’autre au compte du trésorier^payeur général de la Seine - Inferieure, et tous deux relatifs à des avances pour le service de la Commission d’armement, sont restés dénués de justification.
Quant au paiement de deux millions imputé sur le chapitre XVI du