GAMBETTA ET SA COUR
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budget extraordinaire du ministère de l’intérieur (exécution des batteries d’artillerie dans les départements ), et résultant d’une ordonnance délivrée au nom du président de la Commission d’armement, sur la caisse du payeur central, pour prix de trente batteries d’artillerie achetées en Amérique pour le compte des départements, ce paiement n’a pas été justifié.
Un seul membre de la droite, M. de Lorgeril, semble avoir protesté avec indignation contre cette absence de toute pièce justificative qui cachait des vols éhontés ; on lui répondit, en riant aux éclats : « que ces pièces avaient sans doute été comprises dans un convoi de trois wagons incendiés entre Bordeaux et Versailles. »
Les marchés Ferrand étaient plus scandaleux, si c’est possible. Ici encore il faut citer le rapport de la Cour des comptes :
11 a été payé à Ferrand, au titre de l’exercice 1870, en divers mandats, 1, 005, 059 fr. 50 par le trésorier-payeur d’Ille-et-Vilaine; sur procuration, 00,897 francs, et parle trésorier-payeur de Maine-et-Loire, 400,000 francs.
Aucune justification d’emploi n’a été produite dans les comptes pour ces diflérentes sommes.
Il en est de même pour diverses avances montant à 1,943,400 francs délivrées par trois trésoriers-payeurs généraux à des agents de la maison Ferrand.
Des mémoires, un certain nombre de marchés ont été joints à l’appui des dépenses montant à 4,590,480 francs 42 centimes, payés directement par trois trésoriers-payeurs généraux à des fournisseurs ou traitants.
Mais si ces justifications, certifiées par le sieur Ferrand, étaient de nature à établir que les fournitures lui avaient été livrées, elles ne pouvaient à aucun degré donner la preuve que l’Etat, qui avait supporté la dépense, avait été mis en possession régulière des approvisionnements acquis en son nom.
La complicité de Gambetta avec Ferrand était flagrante. Protecteur de Ferrand, qui avait déjà fait faillite, commandité par Ferrand pour la République française, hôte de Ferrand à Lesnavar, prévenant même de sa prochaine arrestation ce misérable qui avait volé la France agonisante, Gambetta ne fut pas même inquiété.
A partir de cette époque, Gambetta fut relativement tranquille. Sans doute, il eut encore ce qu’on pourrait appeler des venettes, mais cela venait de son caractère essentiellement poltron. Au 24 Mai, Léon Renault, tripo- teur d’affaires, comme lui \ digne d’être Juif, s’il ne l’est pas, trahit le gouvernement qu’il servait sans y croire, au profit du gouvernement qu’il
1. Nous avons vu le rôle joué par Léon Renault dans les affaires tunisiennes; nous le letrouvons couinio administrateur d’une société en faillite r La grande Compagnie d assurance. M. Beaugé, le syndic, relève dans la gestion les irrégularités les plus graves : une