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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

combattait avec la certitude quil triompherait, et tint Gambetta au cou­rant de tout. Au 16 Mai, il hésita une minute et fut vite rassuré dès quil vit que toute lénergie des sauveurs de la société consistait à gêner la vente du Petit Journal dans les départements. On donnait des coups de canif au lieu de donner des coups de sabre, selon lexpression de lamiral de Guey- don. On allait voir de quelle audace est capable le Juif dès quil a cessé de trembler.

Nous avons déjà montré comment, à la suite des événements de 1870, tout un flot daventuriers sétait rué sur la France. Un monde nouveau était ou plutôt avait poussé comme un champignon malfaisant sur le sol profondément remué. Gambetta aperçut bien ce fumier en ébullition et les couches successives qui sélevaient dessus; il comprit quon pourrait faire quelque chose avec cela et prononça à Grenoble, en 1872, cette fa­meuse harangue sur les nouvelles couches, qui est le seul discours do lui il y ait une idée, le seul qui corresponde à une situation vraie :

Na-t-on pas vu apparaître, depuis la chute de lEmpire, une génération neuve, ardente quoique contenue, intelligente, propre aux affaires, amou­reuse de la justice, soucieuse des droits généraux?

Na-t-on pas vu apparaître sur toute la surface du pays et je tiens absolument à mettre en relief cette génération si nouvelle de la démocratie un nouveau personnel politique électoral, un nouveau personnel de suffrage universel?

Oui, je pressens, je sens, jannonce la venue et la présence dans la poli­tique dune couche sociale nouvelle qui est aux affaires depuis tantôt dix- huit mois, et qui est loin, à coup sûr, dêtre inférieure à ses devancières.

Sur le moment, on ne comprit rien à ce discours, et beaucoup, même aujourdhui, ne sont pas loin de voir une manifestation de plus du ver­biage ordinaire à ce fougueux diseur de riens. Quelle est, se demande-t-on, celte nouvelle couche dont parlait lorateur? Il ny a, dans notre société

opération de quatre millions^ ne figure pas sur les livres; des dividendes fictifs ont été distri­bués. « La faillite, conclut le syndic, est due à l'inobservation des statuts et aux combinaisons inventées par plusieurs personnes pour senrichir aux dépens de la société. »

Comment s'expliquer quun gouvernement, qui portait ce titre de gouvernement de l'Ordre moral, le plus beau après celui de gouvernement de lOrdre chrétien, ait laissé un pareil personnage à la tête de la Préfecture de police après le 24 Mai? Comment lidée nest-elle pas venue aux politiques, qui avaient assumé une si haute tâche, de prendre soit un homme comme Maxime I)u Camp, qui connaît â fond Paris et le personnel révolution­naire, soit un brave provincial, honnête et fin, habitué à iraiter daffaires avec les paysans et qui aurait été aussi malin que les Parisiens? M. de Vitrolles, qui fut le principal, le seul auteur de la Restauration, navait point traîné dans cette bazoche qui émousse â jamais la notion du Rien et du Mal : il élevait des moutons avant de soccuper de politique, et dès ses premiers pas se révéla plus habile que tous les intrigants qui entouraient les Princes.