GAMBETTA ET SA COUR
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démocratique, qu’un élément nouveau qui puisse avoir accession à la vie publique, se faire une place plus considérable dans le gouvernement du pays, c’est le Peuple, le quatrième État, selon l’expression des socialistes. Or, la liaine de Gambetta pour l’ouvrier est connue de tous; les candidatures ouvrières qui, logiquement, auraient eu raison d’être sous une République radicale, ont été toujours combattues par legambettisme; depuis 1870, pas un ouvrier, à part Brialou, n’est arrivé à la Chambre.
La nouvelle couche, nous l’avons dit, existait réellement; elle formait comme un personnel tout prêt pour qui saurait s’en servir. La nouvelle couche se composait de beaucoup de Juifs avec un appoint de Francs- Maçons pour lesquels le mot de conscience n’avait pas de signification, de boutiquiers peu scrupuleux, comme Tirard, de faiseurs de dupes qui avaient frisé le bagne, comme Constans, de bohèmes et de piliers d’estaminet, comme Lepère et Cazot, de généraux déshonorés, comme Thibaudin, de débris de 48, de médecins sans clientèle, d’officiers de santé, de vétérinaires, d’étudiants culotteurs de pipes, retirés en province, et qui, sous un gouvernement régulier, auraient achevé tranquillement de tomber en enfance en caressant la fille et la fiole.
C’était, avec l’élément sémitique en plus, l’éternelle tourbe avide et sans pudeur dont parle le poète grec, « le menu fretin d’étrangers qui n’auraient eu qu’à invoquer Jupiter fouetté, d’esclaves, de gens mal nés et ne valant guère mieux, arrivés d’hier, et dont Athènes n’aurait pas même voulu jadis pour victimes expiatoires. »
A tous ces citoyens équivoques, un vrai Français eût pu adresser l’apostrophe que Scipion Emilien lança du haut des Rostres, un jour qu’une cohue d’esclaves et d’affranchis interrompait le second Africain : « Silence, faux fils de l'Italie, vous aurez beau faire, ceux que j’ai amenés garrottés à Rome ne m’effraieront pas, tout déliés qu’il sont maintenant! »
Le pacte fut signé définitivement avec les Juifs quand Gambetta eut formellement promis la persécution dans ce mot qui fit de lui presqu’un roi : Le cléricalisme, c'est l’ennemi!
Connaissez-vous le Zophar ? C’est une corne de bélier recourbée à sa partie inférieure et qui annonce joyeusement, avec ses deux sonneries alternées, la Tekiah et la Terouah, les fêtes du Roscli-Haschanach.
Dans la vie ordinaire, comme au Temple, les Juifs sont de merveilleux joueurs de Zophar. Ils vous trompettent un nom d’écrivain, de cantatrice, de cabotin ou de cabotine j usqu’à ce que vous en ayez plein les oreilles ; ce sont les plus prodigieux réclamiers qui existent.