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LA FRANCE JUIVE
et comme Bourbaki, furent chassés de l’armée dont l’incapable Farre devenait le chef. Le charme, cependant, ne fut tout à fait hrisé qu’au moment de la campagne des décrets, alors qu’on vit nos soldats mettre sac au dos et bayonnette au fusil pour arracher de leur domicile des vieillards et des religieux inoffensifs, des citoyens français repoussés du prétoire, et l’infâme Gazot déclarer en ricanant qu’il n’y avait plus de tribunaux, et que son caprice était la seule loi. Derrière le faux Gambetta, auquel on pardonnait tant de choses, on aperçut le Juif, qui, pour satisfaire des haines de ghettos, déchaînait sur le pays, qui l’avait si bien accueilli, le lléau des guerres religieuses. La France désensorcelée, réveillée de son rêve, guérie de son roman, n’eut qu’un cri : « Oh! lo misérable! »
Ce fut alors qu’on songea à regarder l’entourage. C’était bien le plus hétéroclite assemblage qu’on pût imaginer, un bouquet de Juifs, un véritable selam de youtres de tous les pays et de toutes les couleurs. Tous les Juifs du monde, en âge de se transporter, étaient là; ils s’étaient agglomérés au palais Bourbon comme les molécules au centre d’une tasse de café. Quelques-uns venaient d’Espagne et étaient nés à Hambourg, d’autres venaient d’Autriche et étaient nés en France. Il y avait Porgès, Reinach, Arène, Lévy-Grémieu, Jean David, Reynal, Strauss ; il y avait Dreyfus, qui avait vu le jour en Allemagne, Etienne, parent des Etienne d’Autriche, Thomson, dont la famille était anglaise, Weil-Picard qui arrivait seulement de Besançon. Tout cela tripotait, spéculait, agiotait, dénonçait, adulait; tout cela avait pour commune devise le mot des Narcisse et des Pallas : Hoc agamus ne quia quidquam habenl!
Néron avait ses Augustinni qui, moyennant un traitement de vingt- cinq mille sesterces, accompagnaient partout le divin Empereur pour battre frénétiquement des mains dans tous les théâtres où il faisait entendre sa voix sans égale, et pour dénoncer les méchants coupables d’avoir bâillé au spectacle ou de ne pas avoir assisté à un sacrifice offert pour le chanteur enrhumé. Gambetta avait ses jeunes Juifs qui frissonnaient d’admiration à chaque parole du maître; ils entonnaient ses louanges en chœur dans un baragouin confus, où le tudesque se mêlait au castillan, où le patois levantin fraternisait avec l’argot de la petite
du premier gouverneur de l'Alsace-Lorraine. Chose curieuse, c’est Spuller qui so dégoûta le premier d’aller là.
J’ai contrôlé avec soin ce renseignement, qui me paraissait invraisemblable. Si Dérou- lède, le chantre de Gambetta patriote, le désire, je lui dirai de qui je tiens le fait,et il n’aura aucun doute sur son exactitude.