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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

gant, histrionnesque, méprisant pour lhumanité qui est particulier à limpérialat, et que les royautés, même les moins raisonnables, ne con­naissent point.

Antoine avait donné une ville dAsie à son cuisinier pour le récom­penser dun bon repas. Gambetta eut des accès de générosité analogues.

Un jour, on fait goûter au maître de la bière quil trouve excellente.

Qui a fabriqué ce nectar? demande-t-il.

Cest un Juif, il sappelle du nom biblique dAgar.

Je le nomme préfet. Ce brasseur brassera des affaires...

Préfet, ce nétait pas encore le compte de ce disciple de Gambrinus, qui demande à permuter contre une place de trésorier général à Cahors valant 80,000 fr.

Remarquez, comme un nouveau signe de la platitude française , que personne neut lidée de demander à quel titre cet homme, sans passé administratif, était promu à ces hautes fonctions, au détriment de vieux serviteurs qui remplissaient des emplois modestes depuis vingt ou vingt- cinq ans. Quand lastre de Gambetta déclina, on enleva cependant à ce brasseur trop favorisé cette grosse sinécure, et on lui donna en échange une place dinspecteur des eaux à Aix , qui ne rapporte guère quune dizaine de mille francs; mais, sur le moment, ce choix ne scandalisa personne J .

Ces monstrueuses autorités dEmpereurs avaient pour contrepoids le poignard dun Chereas : ce fut la plume dun journaliste qui tua cet Empire naissant à peine.

Cest une singulière figure encore que celle de M. Henri Rochefort ; et il faut, pour bien dégager ce type, tenir compte des innombrables variétés dêtres et didées, quont semées dans ce pays tant de régimes, dinvasions, de passages de nations, dincarnations humaines différentes, laissant de leur graine. Semblables à ces arbres qui revivent après des années écoulées, dans un coin de la forêt, parce quun germe deux-mêmes, déposé sur le sol, sest conservé et développé, certaines formes dêtres lointaines revien­nent parfois tout à coup dans toute l'originalité première.

Rochefort, cest le féodal.

Ce nest pas le grand seigneur, le marquis, le gentilhomme déchu; cest le féodal, non point croyant, dévoué, à lâme enfantine et pure, mais le féodal possédé du diable, le féodal blasphémant comme on en vit en

I. Aujourdhui il est redevenu simple receveur des contributions, à Pithiviers , je crois.