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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

volontiers dans les couloirs le mot quil adressait aux actionnaires mé­contents : < Allez et ne pêchez plus ! »

A force de traire la pauvre France, le sang, cependant, commençait à venir aux pis de la malheureuse bête. Gambetta le savait, il prévoyait la banqueroute, il sentait surtout quil navait plus rien à donner au monde daffamés quil traînait derrière lui.

Comme les voleurs qui mettent le feu pour cacher leurs exploits, les faiseurs souhaitaient ardemment la guerre; les Juifs la réclamaient àgrands cris; mais la France, nous lavons dit, ne voulait pas en entendre parler, et Gambetta, après son échec de Belleville, nétait plus en état dimposer rien.

Il y eut des querelles et des récriminations. Pour comble de malheur, Gambetta sétait brouillé avec Rothschild. Le 10 juin 1881, avait eu iieu un souper intime, dont tous les journaux ont parlé, et auquel assistaient, ou­tre Gambetta, Alphonse de Rothschild et Gallifet, quelques grands seigneurs chargés damuser ; le marquis duLau, Kerjegu, et le marquis de Breteuil. Gambetta avait plaisanté un peu vivement le baron sur tout largent quil avait gagné depuis quelques années.

Malgré une vigoureuse tape sur le ventre qui soulignait lintention amicale du propos, Alphonse de Rothschild, qui avait sa névrose ce jour-, prit mal la chose. Le baron naime pas quon le traite aussi familièrement quand il y a des gens titrés.

Gambetta fut-il abandonné par les Juifs, qui oublièrent tous les servi­ces antérieurs, quand ils crurent quil nétait plus bon à rien? Reçut-il lordre de quitter le ministère pour accélérer, par une crise parlementaire et presque gouvernementale, la catastrophe de VUnion générale? Il est dif­ficile de se prononcer, car tout ce qui a rapport à léphémère ministère de Gambetta est encore très peu connu: le prolixe travail publié par Reinach sur ce sujet, dans la Revue politique, na fait que rendre obscur ce qui pa­raissait clair.

La décadence physique, prompte toujours dans ces races, était venue de bonne heure, dailleurs, chez cet homme qui avait demandé à lexistence tout ce quelle peut contenir de plaisir.

La dernière fois que je laperçus, cest à la lecture des Rois %n exil, chez Daudet. Il était déjà perdu, il avait ce signe des gens marqués qui ne trompe guère les yeux expérimentés. Cramoisi, vieilli, gris et rouge en même temps, les chairs gonflées dune mauvaise graisse, il ne pouvait se tenir assis, et, appuyé à la porte du cabinet de Daudet, il resta debout toute la soirée en