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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

étaient tous parfumés de modernisme, tous pénétrés de la pure doctrine libérale, tous experts à la période académique.

A lépouvantable oppression quont fait peser sur les populations orientales des races qui se prétendent supérieures, et cela dans le but unique denrichir quelques financiers, il faut opposer comme contraste lexemple de la Russie qui na pas le mot civilisation dans son voca­bulaire usuel.

Elle a conquis, en quelques années, un tiers de lAsie, et après sêtre fait craindre par la bravoure de ses soldats, elle sest fait aimer par les­prit de justice de ses chefs ; elle na livré les populations quelle avait sou­mises ni aux Publicains ni aux Juifs, et elle les a laissés vivre paisible­ment sous sa protection, selon leurs usages séculaires.

M. Germain Bapst, linfatigable voyageur, qui a été-bas chercher les carreaux vernissés dune mosquée, me disait quil avait parcouru dim­menses étendues de pays, avec la seule sauvegarde dun mot donné par un général russe obéi et estimé, parce quil ne sétait entendu avec aucune compagnie financière pour extorquer le peu dargent possédé par les natu­rels, parce quil était en dehors de la civilisation judéo-moderne.

Une consolation cependant se dégage du spectacle de tant de tristesses.

Cest par lAlgérie, peut-être, que commencera la campagne anti-sémi­tique française.

De sourdes colères samassent dans le cœur de ces Arabes si dure­ment foulés au pieds par les Juifs. Des paroles, qui parlent dune revanche prochaine, séchangent dans lombre, et, si lAlliance anti-sémitique univer­selle envoyait des agents de ce côté, nul doute quelle narrivât à un résultat.

En 1882, Y Atlas se montrait partisan dun congrès anti-sémitique qui serait tenu à Oran. Au mois de novembre 1882, la police enlevait des affiches écrites en grandes lettres rouges sur lesquelles on lisait : « Tous les moyens sont bons et doivent être employés pour l'anéantissement des Juifs par les Européens. »

En beaucoup de localités les Européens refusent dadmettre les Juifs dans leurs lieux de réunion.

A Oran, les oppresseurs sont sévèrement exclus des fêtes de charité qui sorganisent au mois de janvier 1882. « Vous êtes Français de nom et non de cœur », leur répond-on, quand ils essayent de protester con­tre cet ostracisme mérité.

Le maire, Abraham Nahon, fait alors interdire la cavalcade par le conseil municipal.