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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

Ce document constate que la gestion du comité a laissé beaucoup à désirer, mais que les gaspillages auxquels certains membres du comité se sont livrés ne constituent point, en lespèce, un délit caractérisé.

Il ny aura donc pas poursuite, et lenquête a été déclarée close

MM. Jeannin et Bonnet, deux des organisateurs qui, sils furent négli­gents, ne paraissent pas avoir été coupables, réclamèrent en vain la publi­cation des comptes, afin que la part de chacun fût bien déterminée. M. Gauthier de Noyelles sy refusa obstinément.

Le parquet nouveau modèle partageant absolument les théories de M. Camescasse et de M. Gauthier de Noyelles sur lexercice de la bienfaisance, le citoyen Daumas, conseiller municipal de Marseille , put passer tranquil­lement la frontière avec 17,250 francs que lui avaient rapportés les cholé­riques 1 2 . Ce nest pas cependant les instruments qui manquent au conseil municipal de Marseille pour faire les additions. Le compte administratif du maire Brochier portait, pour 1883, cent vingt-cinq mille francs denve­loppes et soixante-quinze mille francs de plumes, porte-plumes et crayons!

Il est bon de noter que ce vol aux pauvres apparaît pour la première fois dans la société française. Il nest pas inutile de comparer cette charité laïque, républicaine et franc-maçonne aux merveilles quaccomplissent nos religieux et nos religieuses qui, de rien, trouvent moyen de faire quel­que chose, arrivent avec des resssources dérisoires, qui seraient dévorées en quelques soupers de philanthropes, à recueillir des vieillards pendant de longs mois, à élever des enfants, à soigner des infirmes. Cette philan­thropie républicaine, qui est un gaspillage quand elle nest pas une escro­querie, est un des signes dune époque les dépenses les plus excessives

1. Si l'on veut se rendre compte de ce que MM. Gauthier de Noyelles et Camescasse entendent par « des gaspillages>, il faut examiner quelques-unes des dépenses dun des aéronautes. Il se fait allouer une voiture au mois, il déjeune et dîne largement aux frais des cholériques, il se fait payer 1,500 francs de dettes antérieures à la fête, il compte pour ses aérostats des frais de réparation insensés, il se" fait remettre 3,000 francs pour usure des ballons, il distribue de gros pourboires à son personnel, il se fait habiller de neuf, lui et ses lieutenants, il soupe copieusement à Meulan , et il y loge, toujours aux dépens des cholériques.

2. Au mois de février 1885, Daumas fut condamné, par contumace, à cinq ans de prison.

Comme cette princesse des contes de fées qui ne pouvait dire un mot sans qu'un crapaud lui sortit de la bouche, la République ne peut se mêler à quelque chose sans quimmédia- tement lescroquerie se produise. On organise une exposition de bébés et lon fait déposer une somme de quarante sous à chaque parent ; lexposition est interdite: on refuse de rendre largent que se sont partagé les organisateurs. Notez que cette escroquerie a une apparence presque officielle, puisque les bureaux étaient installés au Pavillon de la Ville, aux Champs- Élysées. Le Pavillon de nos conseillers municipaux couvrait, cette fois encore, une bien vilaine marchandise.