PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE . 519
l’image cauteleuse et blafarde, triomphe avec un mail coach noir bleu attelé de quatre chevaux bai-brun. Les journaux conservateurs nous emmènent visiter les écuries; nous apprenons chemin faisant que le piqueur Arthur Voodrook « a un traitement d’ambassadeur. » Il y a quatre couronnes en cuivre sur les stalles ; les couvertures sont bleues bordées de rouge; aux angles, des armoiries brodées à la main avec cette devise : Chnritns et pies.
Hirsch n’est pas oublié. Il a obtenu, lui, un prix de première catégorie avec Sunshine et César qui s’attèlent en flèche; quant à Rob Roy et Bonmary, ils steppent. Camondo a vingt-quatre chevaux dans son écurie, dont seize au harnais toute l’année, et huit chevaux de selle; Hirsch n’en a que vingt-trois, mais parmi eux on compte un arabe rouan, présent de S. M. l’Empereur d’Autriche, à l’ami du pauvre comte de Wimpffen. Si le maître n’est pas impeccable, la tenue de l’écurie l’est. La sellerie, notamment, est une merveille : « C’est une pièce spacieuse, haute de plafond, dont la cheminée en marbre est un chef-d’œuvre. Tout cela brille et reluit et offre le spectacle de l’arrangement le plus ingénieux. »
Le sens moral est tellement oblitéré chez les classes supérieures que personne ne trouve mauvais de récompenser le luxe conquis grâce à ces Bons turcs qui ont ruiné tant de Français . Ceux qui se montrent le plus obséquieux devant ce Juif allemand feraient condamner à la prison un pauvre diable qui aurait pris un fagot dans leur bois. Les autres ne poursuivraient pas le voleur de fagot, mais, natures molles et faibles, ils ne s’étonnent point qu’on ose étaler devant eux une fortune mal acquise.
La vie de cercle est la conséquence de la passion des courses. Le gouvernement aide tant qu’il peut à la démoralisation par le jeu. Là encore on retrouve l’hypocrisie républicaine, cet amour de tout ce qui est trouble, de tout ce qui permet de réaliser des bénéfices honteux que les députés de la gauche se partagent clandestinement.
Paris , depuis la République , est devenu une immense maison de jeu. On joue partout d’une façon malhonnête ’. La cagnotte, Dame Joséphine,
1. Au mois (1 octobre 1881, l'indignation fut si vive, les plaintes si nombreuses, qu'on se décida à fermer le Cercle des Arts libéraux fondé par Devriès et quelques établissements du même ordre, mais ils se sont reconstitués sous d’autres noms. C’est Leconte qu’il eût fallu poursuivre, pour donner l’exemple. En une seule année, le produit de la cagnotte du Cercle des Arts libéraux s’était élevé à quatorze cent mille francs, ce qui, à dix pour cent, donne une somme de quatorze millions mis en banque.
Le Cercle de la Franc-Maçonnerie fut naturellement respecté. On laissa subsister en