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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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579
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE . 519

limage cauteleuse et blafarde, triomphe avec un mail coach noir bleu attelé de quatre chevaux bai-brun. Les journaux conservateurs nous emmènent visiter les écuries; nous apprenons chemin faisant que le piqueur Arthur Voodrook « a un traitement dambassadeur. » Il y a quatre couronnes en cuivre sur les stalles ; les couvertures sont bleues bordées de rouge; aux angles, des armoiries brodées à la main avec cette devise : Chnritns et pies.

Hirsch nest pas oublié. Il a obtenu, lui, un prix de première catégorie avec Sunshine et César qui sattèlent en flèche; quant à Rob Roy et Bonmary, ils steppent. Camondo a vingt-quatre chevaux dans son écurie, dont seize au harnais toute lannée, et huit chevaux de selle; Hirsch nen a que vingt-trois, mais parmi eux on compte un arabe rouan, présent de S. M. lEmpereur dAutriche, à lami du pauvre comte de Wimpffen. Si le maître nest pas impeccable, la tenue de lécurie lest. La sellerie, notam­ment, est une merveille : « Cest une pièce spacieuse, haute de plafond, dont la cheminée en marbre est un chef-dœuvre. Tout cela brille et reluit et offre le spectacle de larrangement le plus ingénieux. »

Le sens moral est tellement oblitéré chez les classes supérieures que personne ne trouve mauvais de récompenser le luxe conquis grâce à ces Bons turcs qui ont ruiné tant de Français . Ceux qui se montrent le plus obséquieux devant ce Juif allemand feraient condamner à la prison un pauvre diable qui aurait pris un fagot dans leur bois. Les autres ne pour­suivraient pas le voleur de fagot, mais, natures molles et faibles, ils ne sétonnent point quon ose étaler devant eux une fortune mal acquise.

La vie de cercle est la conséquence de la passion des courses. Le gou­vernement aide tant quil peut à la démoralisation par le jeu. encore on retrouve lhypocrisie républicaine, cet amour de tout ce qui est trouble, de tout ce qui permet de réaliser des bénéfices honteux que les députés de la gauche se partagent clandestinement.

Paris , depuis la République , est devenu une immense maison de jeu. On joue partout dune façon malhonnête. La cagnotte, Dame Joséphine,

1. Au mois (1 octobre 1881, l'indignation fut si vive, les plaintes si nombreuses, qu'on se décida à fermer le Cercle des Arts libéraux fondé par Devriès et quelques établissements du même ordre, mais ils se sont reconstitués sous dautres noms. Cest Leconte quil eût fallu poursuivre, pour donner lexemple. En une seule année, le produit de la cagnotte du Cercle des Arts libéraux sétait élevé à quatorze cent mille francs, ce qui, à dix pour cent, donne une somme de quatorze millions mis en banque.

Le Cercle de la Franc-Maçonnerie fut naturellement respecté. On laissa subsister en