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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

« La porte souvrit, et, les bras tendus, les yeux humides, le nouveau venu sélança vers Wolff. « Gondinet! »

Nest-ce pas complet cet agenouillement devant Wolff, dans lespoir encore lointain dune réclame, dun homme qui, après Dumas et Sardou, est ii lheure présente un des triomphants de la scène française ?

Jai tort de noircir tant de pages pour écrire lhistoire psychologique de mon temps; cette histoire pourrait sécrire en cinq mots : Oc siècle est effroyablement lâche.

Cest à un mensonge perpétuel que lon a recours pour dissimuler celte universelle lâcheté. Il nest pas un mot de ce quon écrit qui ne soit une offense à la vérité. Parmi ces écrivains, qui parlent à chaque instant de patriotisme, pas un seul na eu lidée de faire ce que jai fait, daller au Ministère de la Justice sassurer si ce Prussien, quils recevaient au milieu deux, devant lequel ils sentretenaient ouvertement de toute chose, avait tenu sa parole, sil s'était fait naturaliser vaincu.

Or, jamais Wolff n'a été naturalisé Français -, jamais il na demandé à lêtre. Par un décret du 7 mai 1872, « le sieur Wolff (Abraham , dit Albert) a été autorisé à établir son domicile en France . » Cette autorisation le place, il est vrai, sous un régime de tolérance; il peut faire des actes civils, cest-à-dire des commerces dépicerie ou de belles-lettres sans être exposé à être expulsé; mais, je le répète, jamais il na été naturalisé Français , ce (lui lui permet davoir un pied en France et lautre en Prusse.

Et cest ce Prussien qui traite de haut nos gentilshommes, lorsquil se produit un scandale, qui parle au nom de lart national, qui morigène des maîtres qui, par peur du Fiyaro, nosent pas remettre cct homme à sa place!

Grâce au Fiyaro, Wolff' exerce dans le monde artistique la terreur qu'Eugène Mayer exerce dans le inonde politique. Linvraisemblable Turquetcite ce Prussien comme une autorité dans un discours solennel. Jai vu des peintres, des artistes vaillants dont les jambes tremblaient littéralement sous eux, lorsque ce hideux fantoche passait devant leurs tableaux dans les jours qui précédent louverture du Salon.

Les écrivains, qui ont accueilli parmi eux, au Figaro , ce maître chan­teur, sont-ils donc semblables à lui? Sont-ils donc capables de couvrir dinvectives dans leurs articles un homme coupable seulement de leur réclamer cent francs? Assurément non. Francis Magnard est un sceptique mais un fin lettré, très serviable. Saint-Genest a été un brave soldat avant dêtre un journaliste, qui a le courage, plus rare quon ne croit, de répéter