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presque le seul qu’on consulte au dehors et qu’un peu de toute cette honte retombe sur eux-mêmes ?
Ils sont, d’ailleurs, cinq ou six à Paris , cinq ou six puffistes, toujours les mômes, qui constituent de véritables plaies d’Égypte. Ils enlèvent môme sa poésie à l’universelle tristesse, qui est partout à l’heure actuelle; ils empêchent ce monde, qui se sent disparaître, de rentrer en lui-mcme pour finir décemment. Ils sont toujours en mouvement, incessamment sur l’affiche, occupant continuellement Paris de leur bruyante et vaine personnalité; ils s’attirent entre eux et se servent mutuellement d’échos. Sarah Bernhardt ne peut faire un pas sans que Wolfi' embouche la trompette; Arthur Meyer s’en mêle immédiatement; Marie Colombier intervient et c’est un vacarme à ne plus s’entendre. Quand on se croit tranquille, Déroulède se montre et, peu après, M mc Adam met la ville sens dessus dessous pour organiser quelque fête.
La névrose juive , évidemment, a sa grande part dans cette trépidation ; il n’est pas naturel, en effet, qu’on ne puisse rester en repos et y laisser les autres. Pour ces passionnés de publicité, le sommeil même semble ne pas exister; ils se croient morts quand ils n’entendent plus de bruit autour d’eux.
Sur ces états d’esprit particuliers, qui révèlent un trouble incontestable dans le système nerveux, on consultera utilement Legrand du Saulle, qui, dans son livre l'IIystèrie, a bien vu et bien décrit le côté maladif de ces manifestations. Le savant médecin explique fort clairement comment les vertus mêmes sont devenues, pour ces êtres de théâtre, une occasion de paraître, d’être en scène. La bienfaisance n’est plus ce mouvement du cœur qui nous pousse à prendre sur notre superflu, parfois sur notre nécessaire, pour déposer discrètement une offrande dans la main de celui qui souffre; c’est un actecharlatanesque qu’on accomplit à grand orchestre, en appelant la foule à coups de grosse caisse pour qu’elle vienne vous regarder; c’est le triomphe de cette ostentation que Bossuet appelle « la peste des bonnes œuvres. >»
Parmi celles qui poussent loin cette monomanie de publicité, M m0 Adam vient immédiatement après Sarah Bernhardt . Je sais les ménagements qu’on doit au sexe et je n’aurais garde d’y manquer. Il me paraît nécessaire, cependant, de faire figurer dans ce livre cette individualité curieuse sans être bien origanale au fond, qui a tenu une certaine place dans ces dernières années.
S’il n’était pas Juif comme je l’avais cru, Edmond Adam n’en était pas moins mêlé à toutes les affaires de la Juiverie. Quand elle en parlait dans îes feuilles juives, M mc Adam appelait volontiers son mari: «le chevaleres-