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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

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Devant cet alcoolisme léthifère, on se prend à songer à lépoque les Grieurs de vin étaient en même temps Grieurs de morts et sen allaient, vêtus dune dalmatique semée dossements entrecroisés, annoncer partout le nom des trépassés. Cest leur propre mort que les marchands daujour­dhui pourraient annoncer davance à ceux auxquels ils versent labsinthe et le trois-six.

Les rois chrétiens avaient fait de cette question lobjet de leur plus contante sollicitude. Écoutez Louis Blanc lui-même, dont on ne récusera pas le témoignage :

Mêlées à la rt ligion, écrit-il, les corporations du Moyen Age y avaient puisé lamour des choses religieuses, mais protéger les faibles était une des préoccupations les plus chères au législateur chrétien. Il recom­mande la probité aux mesureurs, il défend au tavernier de hausser jamais le prix du gros vin, comme boisson du peuple; il veut que les denrées se montrent en plein marché, quelles soient bonnes et loyales, et afin que le pauvre puisse avoir sa vie au meilleur prix, les marchands nauront qua- près tous les autres habitants de la cité la permission dacheter des vivres *.

« La folie s'accroît, écrit M. M. Legoyt dans la Revue scientifique ; elle saccroît partout et plus rapidement que la population. Laccroissement des admis, pour la première fois, dans les asiles, a été, de 1871 à 1880, de 55 pour cent, proportion véritablement énorme surtout comparativement à la population, qui na pas augmenté de plus de 4 peur cent. »

Le nombre des aliénés traités dans les asiles était de 10,549 en 1835, et de 48,813 en 1882.

Au mois de janvier 1801, le département de la Seine fournissait 946 aliénés.

Au 31 décembre 1883, il s'en trouvait 8,907, soit en plus 7,961.

Ainsi, en quatre-vingt-trois ans, la population des aliénés a sextuplé dans des propor­tions qui représentent un accroissement moyeu annuel de 95 personnes, tandis que, durant la même période, le nombre des habitants de la Seine sest à peine augmenté du triple.

Dans les Vosges , le département représenté par les frères Ferry et par Méline, la Franc-Maçonnerie , naturellement toute-puissante, peut tout se permettre et se permet tout, la folie a fait de tels progrès que, dans la session daoùt 1884, le Conseil général, considérant le grand nombre de cas dalienation mentale qui se produit dans le pays, émet le vœu : que le Gouvernement réprime sévèrement les fraudes qui se commettent journellement sur les alcools, et présente une loi modifiant celle qui permet aux débitants des boissons douvrir leurs établissements. »

« Le crime, dit le Voltaire , grand admirateur de la République , sétend de plus en plus, comme une marée qui monte, et dont souvent les flots sont rouges. En 187-', le nombre total des crimes et délits jugés en France sélevait à 26,000 ; dix ans apres, en 1882, il dépassait 81,000! Et cest Paris , bien entendu, qui fournit les plus forts contingents à larmée du mal. »

Le nombre des crimes commis par les jeunes gens de seize à vingt un ans s est élevé, en cinquante ans, de 5,933 à 20,480, et celui commis par les filles du même âge est passé de 1,046 à 2,839.

1. Tous les règlements du passé révèlent ces préoccupations d humanité, de vigilance Pour les petits. Lordonnance du Livre des Métiers sur les tapis sarrazinois prend soin de garantir, avec une délicate prévoyance, la santé de la femme pauvre, dont notre civilisation moderne a fait une bêle de somme.