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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

peine à se concevoir. Les hommes du jour ne reculèrent pas devant lodieux de cette mesure.

Laffaire était bonne. Daprès les calculs les plus modérés, le nombre des chiffonniers chiffonnant peut sélever, à Paris , à cinquante mille. Chacun gagne, en moyenne, trois francs par jour ou plutôt par nuit; mais en mettant les choses au plus bas, en fixant la moyenne à deux francs, on trouve que cinquante mille fois deux francs font cent mille francs par nuit. Cent mille francs par nuit font trois millions par mois et trente-six millions par an.

Trente-six millions étaient un joli denier pour les gens qui pensent que l'argent na pas dodeur. Au premier abord on prétendit quune com­pagnie anglaise sétait offerte pour bénéficier de ces trente-six millions qui faisaient vivre quarante mille êtres humains. Le gouvernement indigné sempressa de faire déclarer, par l'agence Havas, quil ny avait pas une seule compagnie, mais plusieurs compagnies.

Sur laffaire principale, on greffa la petite affaire des récipients. Une maison de la rue du Quatre-Septembre, dont la raison sociale cachait deux Juifs prussiens, inonda Paris de prospectus pour annoncer aux habitants de la ville que ceux qui se fourniraient chez elle seraient désormais à labri des procès-verbaux qui allaient pleuvoir sur les simples mortels. Devant les protestations qui sélevèrent, on fit semblant d'ouvrir une instruction, mais je ne vous étonnerai pas en vous disant quelle namena aucun résultat. La chose était pourtant claire... La circulaire disait :

« Tout propriétaire qui pourra justifier de lachat dune boîte ménagère à notre maison ou succursale sera exempt de contravention.

» Tout propriétaire, au contraire , qui ne pourra donner celte justification, encourra les conséquences de lordonnance préfectorale dès demain. »

Ou les journaux avaient publié une pièce fausse, ou les négociants avaient fait, sans droit, une promesse qui constituait une manœuvre frau­duleuse, ou des hauts employés delà ville sétaient laissé corrompre. Dans les trois cas, il fallait poursuivre.

On sarrêta, car on eût été forcé de mettre en cause Alphand, un Juif dorigine encore (Alphandery, Halphen), pour lequel le Conseil municipal a des tendresses que lon comprend.

1. Voyez le contraste de ces natures juives. Cet homme, qui a sa large part dans uae mesure qui est un véritable assassinat, est plein de cœur pour les siens. La pensée quun arbre puisse gêner sa fille le met hors de lui. VIntransigeant a raconté jadis ce trait qui est caractéristique :

« A l'angle de la place de la République et de la rue de Uondy, sur le trottoir se trouvait la Ruche, un arbre terminait la file qui commence au boulevard Saint-Martin.