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LA FRANCE JUIVE
toutes ses sympathies sont pour les Anglais contre les Français. Dans la préface qu'il a mise en tête de la traduction d’un ouvrage de M. James Subrel, architecte des églises évangéliques à Tananarive, il écrit nettement : « Nous sommes heureux de reconnaître qu’il est heureux pour le vrai bien de Madagascar que l'influence anglaise ait prévalu dans cette île sur celle de la France, et le christianisme évangélique sur celui de Rome. »
On n’est pas meilleur patriote.
En remontant dans Fhistoire, nous trouvons d’ailleurs que l’attitude des Protestants d’aujourd’hui fut celle des Protestants d’autrefois. Les Protestants sont moins avides que les Juifs ; ils sont toujours tels que les dépeignit Brantôme : « remuants, lrétillants et amateurs de picorée. » Moins criards également que les fils d’Israël, ils sont geignards. Leur grand homme, Coligny, est le faux martyr par excellence. L’histoire, qui ne procède maintenant qu’à l’aide de documents authentiques, nous a démontré que cette prétendue victime avait été le plus implacable des bourreaux.
Sans doute, pour juger équitablement le héros du protestantisme, il faut faire la part des mœurs de l’époque. Les Guises s’alliaient à l’Espagne; Coligny se vendit à l’Angleterre, mais il le fit avec un cynisme particulier. Il offrit de livrer, moyennant finance, à notre vieille ennemie cette ville de Calais que le duc de Guise avait eu tant de peine à reconquérir.
On conserve encore à Londres le traité conclu à Hamptoncourt, le 20 septembre 1562, et qui liait la cause de l’Angleterre à celle des Huguenots. Par ce traité, Elisabeth, en échange de cent mille écus d’or payables à Francfort ou à Strasbourg, recevait le Havre, à la charge par elle de le rendre dès qu’elle serait mise en possession de Calais.
Le traité était conclu au nom du prince de Condé, de Jean de Rohan, de l’Amiral, de Mouy, de Moustier et de Bouchart.
« Voilà, dit Dupleix, comment les religionnaires disposaient des villes du roiaume en faveur de l’estranger et mesme de l’ancien ennemi de la France. »
Dans un siècle où l’on versait le sang facilement, où l’assassinat d’un ennemi paraissait être l’acte le plus naturel du monde, nul ne poussa plus loin que l’Amiral le mépris de la vie humaine.
Quand les affaires des Protestants semblèrent perdues, après la bataille de Dreux, Coligny trouva tout simple d’encourager Poltrot deMéré à frapper le duc de Guise, et il lui donna cent écus pour l’aider à fuir après le meurtre.
Sur la complicité de l’Amiral, il n’existe guère de doute.