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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Catherine de Médicis, aux prises avec dinextricables difficultés, ne trouva quun moyen de sortir dembarras, cest de faire assassiner Coligny comme il avait fait assassiner Henri de Guise. Maurevel, a-t-on dit, et plus probablement un spadassin italien, Pierre-Paul Tosinghi, embusqué, « dans ung meschant logis » de la rue des Fossés-Saint-Germain-lAuxer- rois, tira sur lAmiral, qui sortait du Louvre, quatre coups d'arquebuse qui ne tirent que le blesser. Linsuccès de cette tentative décida la Saint- Barthélemy. « Si lune des quatre balles avait atteint le cœur, disent les ambassadeurs vénitiens, la Saint-Barthélemy naurait pas eu lieu. »

Les Huguenots exaspérés se mirent en état dinsurrection et sapprê­tèrent ouvertement à marcher sur le Louvre et à détrôner Charles IX.

La légende nous montre des pauvres colombes endormies sur la foi des traités. Les colombes étaient des soldats exercés portant la tenue de guerre, armés jusquaux dents, qui chevauchaient toute la journée dans les rues de Paris, qui accompagnaient Coligny au Louvre, et qui, fiers de leur nombre, bravaient sans cesse Tavannes et les autres catholiques, et venaient insulter le roi jusquà sa table. Les Huguenots étaient les maîtres de Paris,- ils y avaient rassemblé toutes leurs forces; ils avaient à eux huit cents gentilshommes et huit mille hommes parfaitement disciplinés. Montgommery avait reçu lordre de réunir quatre mille hommes au faubourg Saint-Germain ; les Gueux de Flandre, dont un grand nombre périt pendant le massacre, encombraient la ville ; de toutes les provinces, en outre, des renforts accouraient pour venger le meurtre de l'Amiral. Le conseil des Six se tenait en permanence et organisait lattaque; dans la nuit même du 24 au 25 août, il avait arrêté les dernières résolutions.

Catherine de Médicis, qui montra dans toute cette affaire une énergie toute virile, était tenue au courant par les révélations de Bouchavannes et de Gramont; elle nignorait pas que son fils et elle étaient perdus sans une détermination rapide.

La situation, en un mot, était exactement la même que dans la nuit du 10 août 1792. On sent régner sur ces nuits la même atmosphère révolu­tionnaire. Si Louis XVI eût pris loffensive, au lieu dattendre dans son palais que les sections, qui se préparaient bruyamment, vinssent lattaquer, laurait-on accusé de guet-apens? Il ny eut pas davantage de guet-apens de la part de Charles IX,- il attaqua le premier, voilà tout. Il avait proba­blement été très sincère en manifestant sa colère contre la tentative dassas­sinat de lAmiral; quand on lui eut mis les preuves du complot sous les yeux, il sentit le danger tellement imminent quil fît sonner la cloche de Saint-Germain-lAuxerrois deux heures plus tôt auil nétait convenu.