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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

H8

La presse, lopinion publique et la magistrature seules soutiennent mon droit. Et vous, Monsieur le Ministre, ministre de la République, qui doit être le règne de la loi, permettrez-vous que ce crime reste impuni?

Les auteurs de la séquestration sont morts depuis quatre ans, et leurs complices continuent cette œuvre inique.

Un pasteur protestant et quelques sectaires de Montauban paient la pension dAnna Féral dans une maison déducation. Ils sont donc en révolte contre la loi.

Mais, si un prêtre catholique avait commis ce crime, il y a longtemps que justice serait faite.

Et, sous le vain prétexte dune question religieuse, on viole les arrêts, la loi et lhumanité !

Et votre personne, devant cet attentat, serait insensible? Non.

La question religieuse a été mise en avant par les criminels ; cest une infamie, car je nai jamais pensé quà ma petite-fille, seule au monde, cloîtrée je ne sais, jamais à ses croyances.

Est-ce que le fanatisme protestant doit faire remonter la nation aux temps de lInquisition?

Que devient, en ma personne, lautorité paternelle violée, la loi méconnue, liniquité triomphant de la justice? Que signifie cette question religieuse, en présence dun enfant séquestré depuis lâge de quatre à cinq ans?

Que ma fille soit protestante, juive ou mahométane, je nai pas à men occuper, ni personne encore moins.

C'est mon sang, ma propriété, le seul être qui me reste au monde, et personne na le droit de me lenlever, pas même le chef de lÉtat.

Je viens vous supplier, monsieur le Ministre, de donner des ordres pour que ce scandale cesse, au nom même de la dignité du gouvernement.

Je patiente depuis quatre ans que jai perdu ma fille, que ces sectaires ont tuée.

Je mefforce de rester calme; mais si, au mépris de mes droits violés, de mon asservissement, mon cœur meurtri finit par éclater et que quelque malheur ait lieu, la responsabilité ne retombera pas sur moi, pauvre vieil­lard abandonné, qui hai que cette pauvre petite-fille quon séquestre et que je veux voir avant de mourir! et tout cela parce quun prêtre protes­tant le veut!... et limpose à la justice.

Je prends Dieu à témoin que lon me pousse aux dernières extrémités.

Vous seul, Monsieur le Ministre, pouvez mettre enfin un terme à ces atrocités, en ordonnant que les coupables soient poursuivis et en ordon­nant aussi que ma petite-fille soit transférée dans une maison déducation de Montauban, du moins je pourrai la voir, puisque mon âge et ma position ne me permettent pas de la garder avec moi. *

Cest au nom de la loi violée, de la justice outragée, de la conscience publique et de la nature méconnues que je vous implore pour la dernière fois.

Recevez, Monsieur le Ministre, lhommage de mon profond respect

Barboteaü.

Grand-père et tuteur dAnna Féral.