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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Le préfet Monod se signala parmi ceux-» ; il empoisonna littéralement le département du Calvados avec des manuels Gompayré quil envoyait aux municipalités avec sa carte de visite. Il fit plus, il osa, lui Protestant, soutenir à des catholiques quun manuel mis à l'index ne violait pas la neutralité scolaire. A la suite dune lettre ridicule publiée par Monod à ce sujet, un journal normand releva ce zèle déplacé en termes qui, quoi­quun peu vifs, étaient certainement mérités ; il rappela en môme temps les scandales qui se produisaient à Paris, grâce à lappui donné aux falsi­ficateurs par la Franc-Maçonnerie :

Si lon veut, disait-il, nous permettre une comparaison vulgaire, M. Monod nous apparaît comme un de ces empoisonneurs publics, quon décore par euphémisme du nom de marchands de vins. Une analyse scien­tifique vous prouve quun mastroquet quelconque ne vous donne, en fait de vin, quun mélange de drogues ignobles, qui na de nom dans aucune langue, et lon vous dit : Ne buvez pas de cela, cest du poison. Mais le mastroquet Monod se rebiffe et vous « démontre », selon son expression, que cest parfaitement inoffensif. Pour un peu il soutiendrait que cest du plus pur château-margaux de 1811, année de la Comète!

Ma destinée, dailleurs, est de rencontrer des Monod, toutes les fois que je moccupe décrire lhistoire.

Jai raconté jadis cette invraisemblable aventure des Papiers de Saint- Simon séquestrés pendant plus dun siècle, au ministère des Affaires étran­gères, et que le directeur des Archives, M. Faugère, empêchait absolu­ment de consulter sous prétexte quil comptait les publier un jour.

M. de Freycinet fut fort bien en cette circonstance. A la demande dun de mes bons et chers amis, Henri Lasserre, javais parlé fort aimablement de son livre, la Guerre en province, alors quobscur et peu sûr de lui-même encore, il colportait son volume de journal en journal. Se souvint-il de cet article? Obéit-il simplement à un mouvement de saine raison? Ce qui est certain, cest quil autorisa la remise dans le domaine public de ces manus­crits dont lauteur était mort depuis cent-vingt-cinq ans.

Je me mis à ce travail qui mintéressait et jallais publier mon premier

1. Cest ce Monod qui toléra, sil ne les encouragea pas, les désordres qui se produi­sirent en 1884, à Caen, le dimanche de la Passion. Un misérable tenant à la main un numéro de la Lanterne entra dans léglise Saint-Pierre et insulta le R. P. Delorme, dominicain qui était «n chaire. Les voyous qui attendaient sur la place essayèrent denfoncer la porte de léglise et accablèrent dinjures les fidèles qui sortaient de loffice. Ils se répandirent ensuite par la ville et allèrent vociférer et pousser des m naces de mort sous la fenêtre des habi­tants catholiques. Les autorités ne bougèrent pas de la soirée.