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LA FRANCE JUIVE
qui n’ont jamais fait que du bien partout où elles ont passé? Qu’un parti se serve d’hommes comme Winckam, quitte à leur remettre ensuite quelques fonds pour aller cacher leur honte à l’étranger, cela se comprend; mais qu’on fasse entrer un crocheteur de portes dans un consistoire, voilà qui surpasse l’imagination et qui donne l’idée du degré où en est tombé le Protestantisme français.
Partout les Protestants abusèrent de la force que leur donnait leur alliance avec les Juifs pour outrager les catholiques dans leurs croyances les plus chères. A Mornac, petite commune de la Charente, l’un d'eux osa en 1882 ce qu’on n’avait pas osé encore: il persécuta dans la mort ceux qui ne pensaient pas comme lui; il eut le triste honneur de précéder ceux qui, quelques mois plus tard, devaient briser les croix des cimetières.
Cet épisode vaut la peine d’être conté un peu au long, car il montre quels sont, au fond, les sentiments de ces hommes qui crient si haut qu’on a persécuté leurs pères jadis. Si ces pères avaient été les plus forts, ils auraient été certainement de plus cruels oppresseurs que les catholiques.
Voici l’exposé des faits d’après un document du temps qui ne manque ni de dramatisme, ni de couleur dans sa sobriété volontaire :
Mornac possède deux cimetières : le cimetière catholique, qui est, en vertu d’actes authentiques, la propriété particulière de la fabrique, et le cimetière protestant, qui est la propriété communale. Tous deux n’étaient séparés que par une haie et un fossé situés sur le cimetière catholique, dont ils étaient conséquemment la propriété.
Les choses étaient ainsi depuis 1807, et aucune difficulté ne s’était jamais présentée. Mais M. le maire de Mornac a voulu changer tout cela, et, le 9 juin 1882, s’appuyant sur une loi nouvelle, il a pris un arrêté par lequel il déclarait réunis les deux cimetières ; en même temps il déclarait que les inhumations ne se feraient plus qu’à la suite les unes des autres, « à l’exception cependant, disait l’arrêté, de ceux qui auraient acquis des concessions ».
Cela semblait bien la reconnaissance du droit, pour les catholiques propriétaires de concessions, de se faire enterrer dans leur cimetière? Eh bien, non ! Malgré les termes de son arrêté, le maire empêcha d’abord l’inhumation d’un enfant dans le cimetière catholique, où les parents avaient une concession; la porte du cimetière resta fermée lorsque le curé qui accompagnait le cercueil se présenta.
Là se tenait le maire, assisté du garde champêtre, qui déclara qu’en vertu de son arrêté on n’entrerait pas. Néanmoins, devant les clameurs de la foule, le maire dut céder : il verbalisa contre le curé, mais l’enterrement eut lieu sans nouvel incident.
Cependant, quelques jours plus tard, les choses ne devaient pas se passer aussi tranquillement. Le 10 septembre, un autre enfant mourait