LA PERSÉCUTION JUIVE
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me permettraient de lui dire des choses désagréables, mais du moment où il déclare n’être pas Juif, l’incident est vidé. Ce gui est certain, c’est que M. Paul Meyer devrait éprouver quelque honte à se voir à l’Institut, tandis que les portes en restèrent si longtemps obstinément fermées à notre cher et grand Léon Gautier, l’érudit-poète qui aime la France chrétienne d’un amour si enthousiaste et si jeune, qui communique à tout ce qu’il touche parmi ces vieilles choses du Passé la fraîcheur, la couleur et la vie 1 .
En attendant que les savants français osent s’occuper de ces questions, nous renvoyons nos lecteurs à cette brochure du moine grec, qui est d’un palpitant intérêt ; ils y trouveront au long l’emploi divers du sang humain pour les cérémonies différentes, la circoncision, le mariage, les funérailles, le Pourim et la Pâque .
Il y a là encore un grand jour jeté sur cette tradition orale qui se transmet de père en fils et qui rendit les Juifs si forts par l’habitude de porter en commun un secret terrible, sur ce Judaïsme inconnu dont aucun livre ne parle et qui chemine à travers les âges sans que nul regard profane l’aperçoive.
Pour recevoir la confidence du secret d’Israël , le père choisit parmi ses fils celui qui lui paraît le plus digne de confiance, à l’époque où les Juifs ont coutume de placer sur la tête de leurs enfants ce qu’ils appellent la Couronne du courage; il l’initie et lui fait jurer de la façon la plus solennelle de ne jamais rien révéler ni aux frères, ni aux sœurs, ni à la mère, ni à personne vivante et surtout à aucune femme.
Mon fils, dit le père du moine grec qui nous a transmis ces détails, que la terre refuse la sépulture à ton corps, qu’elle te repousse de son sein après ta mort, si jamais, dans quelque persécution terrible que tu te puisses trouver, tu dévoiles ce que je t’indique; tais-toi là-dessus, même situ devenais chrétien pour ton intérêt ou pour un motif quelconque.
1. On pourrait citer des faits innombrables de cet ordre. Un des plus brillants élèves de l’École des Chartes , qui est en même temps un ferme chrétien, M. Lecoy de la Marche, publie un remarquable ouvrage sur saint Martin. La commission de l’Académie propose Saint Martin pour un prix. Gaston Paris , toujours prêt à servir la haine des Juifs contre l’Église, proteste contre cet acte de justice, parce que l’auteur, citant Sulpice Sévère , a rappelé les miracles de saint Martin. C'est la pure doctrine de l’École des Chartes , d’après laquelle on doit s’appuyer surtout sur les témoignages contemporains. Renan, toujours cauteleux, agit en dessous. Bref, ce qui est, je crois, sans exemple, l’Académie casse la décision de sa commission. Je dois ajouter que M. Lecoy de la Marche fut très mollement soutenu par les catholiques qui, là comme ailleurs, au lieu de tenir tête à des hommes comme Renan, et de les accabler de mépris, lâchent pied dès le commencement de la discussion.
Vous verrez que lorsque ce Gaston Paris se présentera, comme il en a manifesté l’intention, à l’Académie française à laquelle il n’a aucun titre, les catholiques voteront encore pour l'homme qui traque les écrivains chrétiens.