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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA PERSÉCUTION JUIVE

tunées trop peu religieuses pour quun honnête foyer souvre devant elles, trop instruites pour se contenter de la misérable condition faite aux femmes dans notre société désorganisée...

Dans le journal de Valentin Simond, l'Écho de Paris, un ancien soldat de la Commune, M. Edmond Lepelletier , en constatant que cinq mille jeunes filles, dont mille avaient été reçues, sétaient présentées en une année aux examens dinstitutrice, traçait de lexistence de ces malheureuses Klipoth un tableau instructif, malgré sa forme brutalement réaliste :

Et elles se ruent, écrivait-il, les malheureuses, à lassaut des places promises. On en a distribué, lan dernier, trois mille. Cest beaucoup, direz- vous? Hélas! les demandes sélevaient à cinquante mille. Que feront, que font actuellement, sans parler de celles qui ont échoué à lexamen, ces quarante-sept mille institutrices sans emploi, sans espoir den avoir ? les retrouverons-nous ?

Nous savons déjà quil est inutile de chercher à latelier ou au magasin. Elles ne sauraient déroger à ce point. Oui, en cherchant bien, nous les retrouvons, ces déclassées réfractaires, parmi leurs congénères, les poetes lyriques sans courage, les journalistes sans journaux, les avocats qui ne plaident pas, les officiers déserteurs et les curés défroqués. Cest dans la fumée des brasseries que nous apercevons leur silhouette ironique et moqueuse ; dans le tapage des bocks quon choque et des absinthes quon bat, nous les entendrons déblatérer contre la société; nous les entendrons pérorer, ayant une salle de café pour chaire et des filles alcooliques pour clients, ces produits inutiles des écoles normales supérieures de jeunes filles. Paris en est déjà empoisonné.

Nihilistes de lamour et de la famille, on les rencontre à chaque pas, les bohèmes enjuponnées, portant le chignon court, le faux-col masculin, et ayant pour signe de ralliement le pince-nez professionnel. Elles ensei­gnent, elles consultent, elles décident. Une cour est autour delles. On les voit corriger les demandes dargent ou écrire les lettres damour de leurs col­lègues ignares, vachères promues ou filles de faubourg nayant, en fait décole, que passé par lÉcole militaire. Elles ont une clientèle. Les placiers en liquides les admirent et font assaut dérudition avec elles. En outre, pour affirmer leur érudition, elles ont des raffinements extrêmes et contribuent au développement de ce culte de Lesbos , dont les autels de chair voient aujour­dhui tant dagenouillées.

Nous les retrouverons aussi ailleurs, dans ces établissements spéciaux, que Scholl a baptisés les bouillons Duval de lamour. Quand ils sont bien montés, ils comptent toujours parmi leurs pensionnaires une dame diplô­mée, et au consommateur qui en fait la demande, on sert aujourdhui « lins­titutrice, » comme autrefois la négresse ou la femme à barbe. Voilà le progrès*.

i. Écho de Paris du H août d8S4.

Cequ'iJy a d'amusant, cest qu'un journal religieux dAuvergne, le Dimanchedes familles , ayant constaté à son tour ces navrantes évidences, la Lanterne, qui ne supposait pas