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LA FRANCE JUIVE
la constitution des êtres. 11 y a de véritables prédestinations diaboliques. En 1790, le marquis de Rochefort, seigneur de Coulanges-la-Vineuse , gentilhomme ruiné devenu partisan de la Révolution, fait planter dans la cour de son château le premier arbre de la Liberté qu’on eût vu en Bour gogne . L’arbre est béni par le curé Pyat. Le gentilhomme a été le grand- père d’Henri Rochefort . Quant au curé Pyat, il épousa une religieuse, et il eut d’elle deux enfants dont l’aîné fut Félix Pyat . N’est-il pas étrange de retrouver ces deux noms dans la Commune?
Un fils de forçat peut-il être un saint? Oui, dit l’Église. Mais le sociologue, en acceptant cette affirmation, est obligé de reconnaître quë, pour rester dans le chemin de la vertu, il lui faudrait plus d’efforts qu’à d’autres. S’il a reçu de l’éducation, l’homme né dans ces conditions évitera tout ce qui heurte de front la loi ; il abritera son action mauvaise derrière des phrases, des mots de progrès, de guerre au cléricalisme ; il s’appuiera sur une collectivité comme la Franc-Maçonnerie ; mais au fond il restera fils de forçat. C’était un psychologue plus fort que Bourget que celui qui a dit : « Les parents ont des enfants qui ressemblent au fond de leur cœur. »
Voyez Challemel-Lacour. Nous n’aurions peut-être pas publié de nous- même les pièces relatives à ses ancêtres, mais elles sont dans le domaine public ; tout le monde les a lues et relues ; il est donc permis au philosophe et au penseur d’en tirer les conclusions qui lui semblent justes
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1. Voici ces pièces qui, en se plaçant au point de vue de Zola, dans son Histoire d'une famille , (onstituent un document humain d’une considérable importance. D’après une lettre adressée au Français le 23 février 1882, l’acte de décès du grand-père de l'ancien ministre des Affaires étrangères, mort à l’hôpital maritime de Brest , c’est-à-dire au bagne, ligure à l’état civil de Brest et à celui de la Ferté-Macé , lieu de domicile du forçat, ainsi qu’aux mairies et aux greffes des tribunaux de Brest et de Domfront . Il parait, en outre, qu’il y a eu un parent guillotiné sous Louis-Philippe .
Le père
On lit dans le Journal de Granville du 12 mai 1838 :
FAILLITES
« Par jugement du tribunal civil de Granville (Manche ), du 11 mai 1838, le nommé Armand-Fjdèle-Constant CHALLEMEL-LACOUR, épicier à Avranches , a été déclaré en état de faillite,
« M. Théroulde a été nommé juge-commissaire, et Lefrançois, huissier à Avranches , syndic de ladite faillite.
« Le jugement ordonne, en outre, que la personne de Armand-Fidèle-Conslant Challemel- Lacour sera gardée à vue par Legros, huissier à Avranches . »
Le grand-père et le gran d oncle
On lit dans le Journal d’Alençon du 14 mai 1813 : *
« Arrêt rendu par la cour d’assises du département de l’Orne séant à Alençon , pendant la session du premier trimestre de 1815 :
« Les 20 et 21 avril. — Alexamjhe-Fortuhé-Amu.nd CHALLEMEL-ROCOUX, ci-devant