LA PERSÉCUTION JUIVE
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de taxes. Il avait coutume de dire qu’il fallait prendre l’argent là où il y en avait. — Les notaires de Mâcon s’en sont bien aperçus.
Les avoués et les huissiers n’ont pas été plus épargnés. Quant aux fournisseurs, ils attendront longtemps le paiement de leurs notes. On cite un négociant en vins de Mâcon auquel M. Glerget-Allemand doit 800 fr. de fournitures et 100 fr. d’argent prêté. — Ce négociant a eu un mot assez plaisant : « Cela m’étonnait, a-t-il dit, il trouvait toujours mon vin excellent. » Parbleu! à ce prix-là!
Beyne, procureur de la République à Mont-de-Marsan , contraint une jeune fille, Noémie Pesquidoux, à se livrer à lui, en lui promettant l’impunité pour un léger délit dont elle est accusée, en la menaçant de toutes les sévérités de la loi si élit refuse ses propositions malhonnêtes. La jeune fille, devenue enceinte des œuvres de ce vertueux magistrat, est obligée de l’assigner pour obtenir des aliments pour son enfant. Beyne fait poursuivre l’huissier Souques qui s’estpermis de l’assigner. Finalement l’affaire excite un tel scandale qu’on se décide à révoquer cet étrange champion de la morale, qui en fut quitte, devant la Cour d’appel de Pau , pour une condamnation à mille francs d’amende pour dénonciation calomnieuse.
Tout Paris a retenti des scandaleux démêlés de M. Édouard Laferrière avec une de ses anciennes maîtresses. Le conseiller d’État 1 avait séduit une jeune fille, puis l’avait abandonnée pour se marier richement. Ce sont là les mœurs de ses pareils, — et il ne faut point s’étonner de cela. D’ordinaire, cependant, les plus débauchés eux-mêmes liquident ces situations proprement. Ce Franc-Maçon , membre zélé de la loge du Réveil maçonnique de Boulogne-sur-Mer , ne trouva rien de plus simple que de dépouiller celle qu’il venait de quitter, et de la faire séquestrer pour l’empêcher de protester.
La victime, M 1Ie Niemowska, a raconté elle-même ces faits dans la plainte qu’elle a adressée au procureur de la République :
Monsieur le Procureur,
Jeudi 9 octobre, à 7 heures du matin, la maison que j’habite a été cernée par la police.
Des coups de poing redoublés dans ma porte et des coups de timbre violents, sans interruption, ont obligé ma domestique à demander, à une heure aussi matinale, qui était là.
— Nous venons de la part du concierge.
— Le concierge n’envoie pas de commissionnaire.
— Ouvrez, nous voulons parler à votre maîtresse.
I. M. Laferrière a été nommé depuis vice-président du Conseil d’Etat.