863
LA PERSÉCUTION JUIVE
L homme qui prenait un faux nom et se faisait appeler Durand, était Clément, que nous retrouvons à chaque pas dans notre récit et qui répond : Présent ! toute les fois qu’il y a un domicile à violer, un attentat sans danger à commettre, une illégalité à accomplir.
Avouez que nos pauvres expulsés peuvent avoir quelque joie lorsqu’ils contemplent 1 assemblage infâme que forment les trois hommes qui ont été le plus activement mêlés à l’exécution des décrets. Cazot, l’homme de la loi, est poursuivi par les actionnaires après la faillite de la Société d’Alais au Rhône , et obligé de donner sa démission de président de la Cour de Cassation. Laferrière, le représentant de la jurisprudence, fait enfoncer les portes de son ancienne compagne pour rentrer en possession de lettres compromettantes. Clément, le magistrat judiciaire, moitié Lebel et moitié Lecoq, ceint l’écharpe tricolore pour aller liquider les amours des conseillers d État.
Dans de semblables conditions, on comprend la détermination désespérée de ce curé de Seine-et-Marne qui, poursuivi par la bande juive , est pris d’épouvante et se tue. Il faut lire le récit de cette agonie dans la Lanterne (numéro du dimanche 18 novembre 1883). Rien n’est plus tragique. L’histoire a d’ailleurs été réunie plus tard en brochure. L’infortuné, rentré tranquille et content à son presbytère après une journée de bonnes œuvres, trouve un journal dans une lettre. Il l’ouvre, il lit les calomnies qu’on a imprimées contre lui, et il s’écrie : « Je suis perdu 1 ! »
La tempête alors éclate sous le crâne du prêtre de village ; il trace sur le papier une dernière protestation d’innocence : « Je suis innocent, je meurs victime! », écrit-il; puis il tente de s’asphyxier, il allume un petit fourneau de charbon de bois ; mais la mort ne vient pas. Alors il veut protester encore et, le cerveau déjà empli de vapeurs mortelles, il griffonne quelques mots incompréhensibles sur ce papier que l’on retrouva le lende-
1. Il est inutile, je crois, de démontrer longuement l’innocence du pauvre prêtre qui n’a jamais fait doute pour personne, puisqu’à l’heure du crime, il était à six kilomètres delà.
Les Juifs n'ont donné que deux preuves de sa culpabilité. Voici la première '.Lanterne du jeudi 22 novembre 1883, 3 frimaire an 90, troisième colonne : Ce jour-là même, à Ferreux, le curé vint-il, selon l’usage, dire les prières sur le corps de Duban? Non... Même numéro, quatrième colonne: Les obsèques de Duban eurent lieu le S, mais au soir, à Champ- cenetz, commune d'où dépend le château de Ferreux. Pour comble d hypocrisie et d horreur, à e&lé de l'abbé Prof fit, curé de Champcenetz officiait... le curé Frairot. L’assassin osait venir dire les prières de l'Église sur le corps de sa victime!
Quand le curé n’offlcie pas c’est la preuve qu’il est coupable; quand il officie, c’est un crime de plus. Etonnez-vous donc qu'un prêtre de campagne traqué de cette façon ait Perdu la tête !