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LA FRANCE JUIVE
condamner la mèr* pour n’avoir pas, dans le courant de mai, envoyé son enfant à l’école.
Le parquet de Louviers fut obligé de reconnaître cette évidence et le procureur de la République, pris d’une honte un peu tardive, donna l’ordre de mettre en liberté cette pauvre femme. Elle n’en avait pas moins passé onze jours en prison parmi des gens sans aveu, traitée comme une criminelle.
Le juge de paix de Pont-de-l’Arche, qui avait commis une véritable forfaiture, ne reçut pas même un blâme; il fut au contraire félicité par le garde des Sceaux, du moins s’il faut en croire ce misérable qui alllrmait hautement que cet acte de bon plaisir lui vaudrait de l’avancement. En tout cas, il est toujours en fonctions.
Si vous voulez voir ce qu’est l’égalité devant la loi, transportez-vous au Corps législatif. Nul ne s’est occupé de cette paysanne qui a porté sept enfants dans ses flancs et qu’on a jetée dans un cachot au mépris de tout droit.
Il s’agit maintenant d’une Prussienne, femme d’un Belge condamné pour vol, exerçant publiquement la prostitution et donnant ses rendez-vous dans un garni tenu par la mère de son mari *.
Les représentants de la France s’occupent de cette intéressante créature pendant toute une séance. Delattre flétrit à la tribune les agents qui ont arrêté cette femme au moment où elle racolait les passants. Toute la gauche naturellement soutient l’orateur. Une prostituée, une Prussienne, un repris de justice belge, il y a bien dans ce ragoût tous les ingrédients qui plaisent à ces palais de cosmopolites. Il se dégage bien de cette fange cet arôme que les Spuller, les Steeg, les Lockroy hument avec délices. Haro sur la Française , qui veut élever honnêtement ses enfants! honneur à l’Allemande qui se livre aux passants!
Voici encore une victime émouvante : Lenoir, un cocher. Vous l’avez peut-être rencontré dans Paris , et, si vous étiez pressé, la rencontre n’a pas été propice pour vous. Le pauvre homme, à moitié fou, ne se rappelait plus l’adresse que lui donnaient les voyageurs et les laissait parfois en chemin. Les Francs-Maçons lui avaient volé son enfant, la mere était morte de chagrin, et il oubliait de gagner sa vie pour venir, dix fois par jour,
t. Consulter à ce sujet le liviv de M. Maré. le Service de la tûreh ', auquel nous avons fait rtejà plus d'un emprunt. L'ancien chef de la sûreté déclare avoir toutes les pièces à Indisposition de ceui qui voudraient être édifiés sur la cliente de M. Delattre et sur M. Delattre lui-même.