LA PERSÉCUTION JUIVE
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strychnine. Ces faits sont si fréquents dans les hôpitaux actuels que nul ne songe à s’en étonner.
Dans le Gaulois (20 février 1884), un médecin raconte l’étonnement éprouvé par un chef de service d’hôpital en constatant que ses prescrip* tions sont exécutées absolument à rebours; à un malade auquel il ordon, nait du vin on donnait du lait. A une demande d’explication, le directeur répondit par une prière de vouloir bien diminuer de la moitié ou au moins du tiers la quantité du vin prescrit en alléguant comme excuse la situation financière de l’Assistance. Voilà où Quentin en était arrivé avec un budget de trente-quatre millions ! Où cela passe-t-il ? Le vol est partout, On s'aperçoit un beau matin que la quinine ne guérit plus, et un procès révèle que l’administration de l’Assistance publique a patriotiquement traité avec une fabrique italienne fusionnée avec une compagnie allemande qui remplace le sulfate de quinine par de la cinchonine ’.
Il n’y a plus ni discipline, ni contrôle. Le National est obligé de recon naître que Quentin « distribue des viandes pourries aux[malades. » La Justice avoue « que le désordre et l’incurie régnent dans les établissements hospitaliers de la Seine I. 2 . » Ajoutons que le personnel de nos hôpi-
I. On comprend l'horreur qu’éprouve maintenant pour les hôpitaux ce peuple de Paris qui autrefois avait une égale confiance dans la science des maîtres et dans le dévouement du personnel. Pendant le choléra, les infortunés, croyant que tout avait été laïcisé, n’osaient pas avouer qu'ils étaient malades dans la crainted’étre livrés au personnel choisi par Quentin, et demandaient en grâce aux médecins de ne pas les trahir. Rue de Nevers, un infirmier qui, appuyé pardes agents, venait s’emparer d’un malade, fut à demi assommé par les voisins.
Je ne sais rien de navrant comme la fuite éperdue de deux malheureux de mon quartier. Lo médecin qui les soignait avait dâ révéler au commissaire Bugnottet que la femme était atteinte du choléra... Alors la pauvre femme, prévenue qu’elle allait être enlevée de force, supplia son mari de l'arracher à ce supplice, et voilà ces deux êtres, la femme agonisante, l'homme fou de douleur, partis en pleine nuit à travers l’immense Paris , errant comme la bête qui cherche un coin pour y mourir. La police, qui n’arrête jamais les malfaiteurs, découvre les malades. Le couple fut repris à la Maison-Blanche le lendemain, et la femme, qui avait rêvé de finir en paix chez elle, fut traînée dans un hôpital, où elle succomba presque immédiatement.
Sous prétexte qu'il pourrait se trouver un crucifix dans une maison, empêcher les gens d’expirer chez eux, près de ceux qu’ils aiment, jamais aucune tyrannie n avait osé cela!.,. Ajoutons que devant l’impossibilité de se faire obéir, Gamescasse finit par déclarer qu’on avait le droit de mourir à peu près tranquille.
J. Une circulaire confidentielle de Quentin, que tous les journaux ont publiée au mois d’avril 1884, proclame, plus énergiquement que nous ne le pourrions faire, le gaspillage scandaleux qui règne dans ces hôpitaux laïcisés où, à demi ivres dès le matin, les femmes «lui ont remplacé les religieuses sont hors d’état de distinguer un médicament d’un autre.
Il résulte de cette pièce qu’en chiffres ronds on employait autrefois 4,000 litres d eau-de-vie Par an: depuis la laïcisation, on en boit 16,000 litres ; autrefois, on consommait 5,000 lhres •le rhum, maintenant 32,000 litres ; autrefois 144,000 kilogrammes de sucre, maintenant 200,000 kilos ; autrefois 1,893,000 litres de vin, maintenant 2,646,000 litres ; autrefois 56,000 litres do vin de Banyuls, maintenant 128,000 litres; autrefois 1,130,000 litres de lait, aujourd'hui 2,675.000.