GAMBETTA ET SA COUR
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— Pourquoi qu’il est mort Gambetta ? demanda l’enfant.
— Parce qu’il voulait empêcher les petits enfants de faire leur prière. Cette humble ouvrière venait tout simplement de traduire l’Écriture.
La Franc-Maçonnerie juive, avec l’habileté de, mise en scène qui la caractérise, n’épargna rien pour les funérailles de l’homme qui l’avait servie.Bischoffsheim mit un drapeau noir à son hôtel. Gamondo loua tout un étage de l’hôtel Continental, pour voir défiler le cortège. Peixotto, président des B’nai B’rith (Fils de l’Alliance) et vice-consul des Etats-Unis *, déclara au monde qu’il était inconsolable. Simia montra, pendant trois colonnes, un visage inondé de larmes. Aristide Astruc, rabbin honoraire de Bruxelles, fut dithyrambique, au point de paraître farceur ; il affirma impudemment, dans les Archives israélites, « que c’était la signature même de la Patrie que Gambetta a inscrite contre l’anti-sémitisme, nous laissant ainsi l’enseignement que la régénération des hommes, soit au dehors, soit au dedans, s’accomplît par la liberté , le droit commun , et la fraternité. »
La liberté d’enseignement, le droit commun des religieux, la régénération des hommes par les tripotages financiers.Vous voyez cela d’ici.
Quel aplomb! est le mot qu’il faut toujours répéter.
Eugène Mayer fut une gaîté dans ces tristesses. Il vint pour pleurer, lui aussi, au Palais Bourbon, et Déroulède, sans respect pour l’endroit, menaça de le battre encore.
— Pas sur la même joue, cria Mayer, changez au moins de côté.
Devant cet intermède, un éclat de rire, d’abord discret, puis incapable de se maîtriser, prit l’assistance, agita joyeusement les tentures funèbres du lieu sacré, fit remuer les draperies du catafalque et danser les flammes
i. Ce Peixotto, auquel les plus simples convenances auraient dû interdire de prendre parti dans nos affaires et de se déclarer en faveur d’un homme qui avait choqué les croyances de tant de Français, a toujours joué un rôle considérable dans la politique juive. Les Archives israélites nous le montrent intervenant de la façon la plus effrontée dans les affaires de la Roumanie. La convention générale des B’nai B’rith, tenue à Chicago en 1874, ayant fait appel à toutes les loges en faveur de la mission dite de Roumanie, une somme de 3,153 dollars fut recueillie et envoyée à Peixotto avec l’ordre de rester à son poste ; il contribua ensuite aux démarches multipliées auprès du congrès de Berlin dans l’intérêt des Israélites Roumains.
En 1884, quand Lasker, chassé d’Allemagne par la réprobation universelle, fut allé mourir d’une indigestion en Amérique, les Juifs essayèrent de faire ce que Peixotto avait fait pour Gambetta: ils envoyèrent une adresse à la Chambre prussienne dans laquelle ils déclaraient que ce Juif était le plus grand homme de l’humanité ; mais l’Allemagne n’est point tombée au niveau de la France ; le prince de Bismarck prit l’adresse du bout des doigts et la déposa délicatement sur le bureau du président du Congrès, par l’entremise de M. Eisen- dëcher, en disant aux Juifs d’utiliser ce papier cottithe ils l'ehtgndraient.