Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
454
Einzelbild herunterladen

454

LA FRANCE JUIVE

Mais c'est Gambetta!

- Ab'

Telle est la sensation quavait ressentie un délicat et un observateur attentif entre tous, en voyant pour la première fois le grand homme.

La dernière fois que je rencontrai Paul de Saint-Victor, il me parla de Gambetta, cest-à-dire de Gléon, à propos des Deux masques , dont il pré­parait le second volume.

Gomme cest cela, ce Paphlagonien, aux doigts crochus, qui dit : « Quand jai dévoré un thon tout chaud, et bu-dessus un grand verre de vin pur, je me moque des généraux de Pylos. »

Cest cela, mon cher maître, et ce nest pas cela. Dabord Gambetta coûte plus cher à engraisser ; puis Cléon est un démagogue, mais il nest pas Juif, il nest pas circoncis, comme dit ailleurs Aristophane en parlant dun autre personnage; enfin, il a pris Sphacterie, et il est mort en com­battant. Je crois, entre nous, que Gambetta ne mourra pas de cette façon...

Vénus blesse quelquefois, me dit en riant Saint-Victor, sans se douter quil était prophète...

Cet éloignement pour lui de tout ce qui était intelligent et honnête était, dailleurs, assez indifférent à Gambetta. Il avait sur la presse les idées juives ; il ny voyait quun commerce comme un autre, et nadmettait pas quon eût une conviction; il lui semblait tout simple quun journal chan­geât davis dès quon y mettait le prix.

Quand il voulut se saisir du Petit Journal et de la France, il ne lui vint pas une minute à la pensée que les rédacteurs pussent avoir une opinion à eux, et quil fût déloyal, par la force brutale de largent, de contraindre des travailleurs intellectuels à opter entre leur situation acquise et leur conscience.

Il navait point le secret de conquérir, de gagner, de séduire, de rallier; il ne corrompait pas par des caresses, comme Morny; il achetait, et, par un phénomène qui semble bizarre mais qui est cependant facile à expliquer, il nestimait pas ceux qui avaient refusé de se vendre. « Laffaire était bonne, disait-il; sils ne lont pas faite, cest que ce sont des imbéciles, conséquem­ment iis ne mauraient pas été utiles. »

Cest par le mépris de lhomme uniquement quil se rapproche de Napoléon I er . Le mépris chez lui était inextinguible,'immense, profond, à croire quil avait passé sa vie devant son miroir.

Le rapprochement, bien entendu, nest que relatif. Si Napoléon avait